17 juin 2017
L’ONP publie chaque année en mai-juin, une étude complète sur la démographie des pharmaciens (tous tableaux confondus) intitulée « Les Pharmaciens – Panorama au 1er Janvier 2017 » . Les différentes publications se trouvent sur le site en téléchargement ici. On a souhaité revenir sur le contenu de cette étude, et les différentes synthèses, interprétations qui ont été produites par la suite pour vous donner notre avis sur l’impact de cette démographie sur l’exploitation d’officine.
Le contenu de cette étude est riche d’enseignements. Factuellement le panorama confirme des tendances déjà mesurées ces dernières années :
- on constate un vieillissement de la population globale des pharmaciens : le nombre de pharmaciens inscrits de plus de 66 ans a progressé de 3,2% (2016 vs 2015). Ceci est particulièrement vrai chez les titulaires (moyenne d’age des inscrits progresse de 2 ans en dix ans pour atteindre 50,3 ans en 2016).
- la tendance à la féminisation de la profession se confirme avec une proportion de 67,3% en 2016 pour les femmes soit 1,8 point de plus qu’en 2006. Cette proportion est impactée lourdement par la section D ou 81,2% des pharmaciens adjoints sont des femmes. La section D étant la plus importante en nombre de tous les tableaux (36,9%) avec la section A (36,1%) ou l’on note un déséquilibre moins important entre hommes (45,3%) et femmes (54,7%).
- le renouvellement toujours assez bas malgré une augmentation du numérus clausus depuis 2008 : le numérus clausus a augmenté de 36% cependant dans le même temps le taux de non inscription à l’ordre est passé lui de 15% en 2007 à 36,6% – son plus haut- en 2016. On constate le métier de pharmacien n’attire pas 1/3 des jeunes qui sortent diplôme en poche. Spécifiquement pour la pharmacie d’officine, on note que les postes ouverts pour cette filière bien que majoritaire est en baisse constante sur la même période au profit de la filière biologie médicale.
- Mobilité : concernant les nouveaux inscrits, on note que 2 tiers des pharmaciens s’inscrivent dans leur région d’origine. C’est moins vrai pour les personnes diplômées en Ile-de-France.
À la suite de la publication de cette étude, la presse s’est fait le relais de la mise en avant par l’ordre de ce « renouvellement ». Ce n’est pas nos habitudes de faire les oiseaux de mauvaise augure mais fort est de constater que ce « bain de jouvence » comme certains l’ont écrit est l’arbre qui cache la forêt.
Le non-renouvellement des pharmaciens titulaires est et sera mécanique. Non pas seulement parce qu’une partie du réseau est composée d’officines qui ne sont pas « au goût du jour » pour certain jeune pharmacien ou « aux normes » pour d’autres ou encore que la reprise n’offre pas des conditions de travail qui leur conviennent. Simplement car en passant de quelques 600 pharmaciens titulaires qui atteignent les 65 ans pas en 2016 à plus de 2000 en 2020, ce ne sont plus 150 à 200 officines qui disparaitront chaque année mais potentiellement 3 à 5 fois plus. C’est une opportunité pour les titulaires en place qui verront leur officine grossir et de leur donner des moyens d’investir pour améliorer leur outil. Espérons que cela donnera le goût d’entreprendre aux jeunes pharmaciens diplômés là ou aujourd’hui 1/3 d’entre eux quittent la filière avant d’avoir commencé à travailler. Une baisse des prix des officines petite à moyenne se profile et cela redonnera un équilibre investissement / risque raisonnable.