Le bilan est une source riche d’informations sur le cycle d’exploitation et l’historique d’une pharmacie. Et vouloir simplifier sa lecture n’est pas un exercice aisé mais nous sommes convaincus que nos amis experts-comptables nous passerons cet exercice de désacralisation du bilan…

ACTIF IMMOBILISÉ

Il est destiné à rester durablement dans l’entreprise et est donc par nature moins liquide que le reste de l’actif, il englobe les biens nécessaires à l’entreprise pour plusieurs cycles d’exploitation. Pour la pharmacie, mis à part le fonds, on y retrouvera effectivement la valeur des investissements en matériels, en agencement, voire en travaux réalisés sur l’outil pour développer l’exploitation.

Tout d’abord à l’actif on dispose avec la valorisation des immobilisation immatérielles, d’une indication sur la valeur historique du fonds de commerce. La question de la dépréciation de ce fonds au cours des dernières années d’exploitation peut se poser. En effet, si l’on achète un fonds qui a perdu de sa valeur, cet indicateur alertera un établissement financier et il faudra apporter des éléments tangibles pour assurer de la persistance économique de l’exploitation sur la future période d’emprunt.

Les immobilisations corporelles représentent les investissements qui ont pu être réalisés en termes d’équipement, d’agencement ou même d’agrandissement.  Ces investissements sont généralement amortis dans le temps cependant il n’est pas rare de reprendre une société (des parts sociales) à laquelle il reste des immobilisations corporelles à amortir ce qui permettra par ailleurs de minimiser le résultat (en imputant des dotations aux amortissements) et donc par extension de réaliser des économies sur l’impôt sur les sociétés (pour 25% de ce montant en 2021).

Dans les immobilisations financières, on retrouve régulièrement dans « autres participations » des sommes investies auprès des répartiteurs ou du grossiste qui peuvent parfois être significative. Dans le cadre d’une reprise de fonds, cela n’aura pas de conséquence puisque le cédant en fera son affaire. Dans le cadre d’une cession de parts, il faudra également qu’il liquide cet actif qui n’a pas de caractère essentiel à l’exploitation pour le repreneur et sur lequel on paiera des droits d’enregistrement si on les reprend !

On retrouve un plus bas à l’actif dans les immobilisations financières sous la ligne « autres immobilisations financières », le dépôt de garantie donné au bailleur des murs de l’officine. Cette somme est immobilisée donc devra être financée dans les emplois du plan de financement. Elle sera récupérée à l’actif dans une cession de parts, ou directement par le cédant dans le cadre d’une cession de fonds.

ACTIF CIRCULANT

Comme son nom l’indique, il représente les actifs qui « tournent » pendant le cycle d’exploitation et qui sont par nature plus liquide, donc « monétisable » à moins d’un an.

Le stock est représenté par sa valeur d’achat sauf dépréciation éventuelle (péremption). On retrouve éventuellement les stocks de matières premières pour les préparations magistrales (de plus en plus rare), les stocks de matières sèches comme pour les piluliers. Une pharmacie porte normativement entre 10 et 12% de son CA HT en valeur de stock. Cela varie bien sûr de manière importante en fonction du poids de la vente de parapharmacie dans son CA total. Le nombre de jours de stock est situé généralement entre 4 et 5 décades.

Les créances représentent toutes les sommes dues par des tiers mais non encaissées. En premier lieu la valeur des remboursements en cours auprès de la CPAM, qui représentent normativement environ 7 jours de CA HT.

Enfin on retrouve plus bas toutes les valeurs liées aux « instruments de trésorerie » : les placements éventuels, les disponibilités sur les différents comptes, etc…

La dernière ligne « charges constatées d’avance » représente les sommes avancées pour des charges ou des ventes à venir sur le prochain ou les prochains cycles d’exploitation.

AU PASSIF

CAPITAUX PROPRES

Le capital social représente les fonds propres investis par le ou les associés dans la société. Il peut faire l’objet d’augmentation (pour intégrer un associé par augmentation de capital par exemple) comme de réduction (pour « sortir » un associé également). On parle de recapitaliser une société quand les associés réinjectent des fonds pour reconstituer les fonds propres de l’entreprise qui par usage ne devrait pas être inférieur à la moitié du capital social. L’expert-comptable alerte généralement le gérant sur ce point.

RESERVES

Les réserves constituent ce qui reste des bénéfices qui ne sont pas réemployés ou redistribués. C’est un donc un acteur clé de la solidité financière de l’entreprise puisqu’elles permettent d’augmenter ses capitaux propres. La réserve légale est comme son nom l’indique l’obligation d’affecter de 5% minimum à 10% du capital social de son bénéfice à ces réserves de l’entreprise. L’entreprise peut toutefois constituer d’autres réserves au-delà de cette réserve légale.

RESULTAT

Cet indicateur clé représente les bénéfices ou pertes réalisées par l’entreprise sur le cycle d’exploitation. Quand il est positif, il indique que l’actif sur la période a été supérieur au passif. Il est difficile de normer le résultat au passif par rapport au CA HT d’une pharmacie mais par usage il est attendu entre 4 et 8% du CA HT.

EMPRUNTS ET DETTES

Les dettes sont organisées de haut en bas fonction de leur degré d’exigibilité (plus ou moins rapidement), plus on est bas dans le bilan passif, plus la dette est exigible rapidement.

On retrouve d’abord les emprunts mobilisés sur le long terme auprès des organismes de crédits comme les banques ou les leasers.

On peut y trouver aujourd’hui les emprunts obligataires auprès de structure qui rémunèrent le soutien financier aux pharmaciens installés en créant des quasi-fond-propres pour permettre une opération de reprise. Attention à ce que les taux de rémunération de ces emprunts ne deviennent pas une charge trop importante pour l’exploitation !

Les comptes courants d’associés représentent ensuite ce que la société doit à ses associés nominativement. Ces comptes sont rémunérés à des taux encadrés légalement (1,18% au 30 juin 2021).

Viennent ensuite les dettes fournisseurs (généralement valorisés à 45 jours/50 jours de stocks). Les dettes fiscales et sociales, qui sont généralement exigibles sous 30 à 90 jours.

On retrouve en bas de passif, les autres dettes sont des dettes certaines et diverses comme des avoirs à des clients, ou remises à effectuer. Enfin les produits constatés d’avances constituent les recettes reçues pendant l’exercice mais qui seront produits sur le prochain exercice.