17 décembre 2016
Depuis le 1er janvier 2015, les pharmaciens ont vu leur rémunération évoluer valorisant notamment leur rôle de conseil auprès des patients. Mais, concrètement et économiquement, quels ont été les impacts de ce changement dans l’économie de l’officine ? Philippe Becker, Directeur du département Pharmacie chez Fiducial, nous répond.
Depuis l’évolution de la rémunération des pharmaciens en 2015 puis 2016, Quelles conséquences avez vous pu constater sur la performance de l’officine?
Nous avons une vision un peu parcellaire car notre dernière étude statistique Fiducial portant sur 2015 intègre pour partie le nouveau système de rémunération. Nous nous sommes néanmoins attachés à suivre la marge brute qui regroupe la marge commerciale, les prestations, les honoraires et aides diverses. Nous n’avons pas constaté de dégradation particulière puisque en 2014 sur « l’ancien mode » la ratio marge brute sur chiffre d’affaires HT ressortait à 31.34% (toute population confondue) et qu’il ressort à 31.63% en 2015. Ce tout dernier chiffre est à corriger légèrement à la baisse des effets de rattrapage de coopérations commerciales « ancien régime » qui ont été versées en 2015; En ce qui concerne la rentabilité, on note tout au plus, un léger affaiblissement de l’excédent brut d’exploitation qui perd 0.45 % en 2015. Cela étant précisé, cette évolution est essentiellement liée à la progression des frais de personnel en 2015 et non au nouveau système de rémunération.
– Quels effets envisager sur la prévision de l’exploitation d’officine dans le moyen et long terme et la lecture que ceux qui financent les reprises d’officine pourront en avoir ?
En fait un nouvel indicateur de gestion va s’imposer : il s’agit de la marge brute qui intègre la globalité des modes divers et variés de rémunération du pharmacien. Même si le système de rémunération évolue dans le futur, ce ratio restera fiable et pertinent car il cumule l’activité « ventes comptoir » et l’activité honoraires et prestations. Dire comment ce ratio va « bouger » dans le temps est bien difficile tant les paramètres qui influent sur lui sont nombreux. Il faut espérer une stabilité dans un premier temps. C’était l’objectif de ceux qui ont négocié avec le Ministère de la Santé.
– Y voyez vous également un facteur de changement dans la valorisation des officines ?
Actuellement la valorisation des officines mixe l’approche traditionnelle basée sur le chiffre d’affaires et l’approche basée sur un multiplicateur de la rentabilité déterminée à partir de l’excédent brut d’exploitation avant les rémunérations et charges des titulaires – Disons que la rentabilité semble prendre le pas : c’est une bonne nouvelle pour les acquéreurs car ce critère d’évaluation d’une officine est logique et sécurisant. On peut aussi imaginer que la marge brute globale soit retenue dans les prochaines années comme un élément de calcul du prix des pharmacies.
– Cette réforme a t’elle comme il a été dit régulièrement crée une dépendance forte à la vente de boites de paracétamol ?
Disons que cette réforme aura des effets bénéfiques si les pharmaciens parviennent à faire en sorte de moins lier leurs résultats avec des facteurs exogènes (Politique de Sante – déficit sociaux etc) et aussi qu’ils puissent, au travers de nouvelles missions, mieux être rétribué et mettre en avant leur compétences et leur utilité. C’est une longue marche qui vient juste de commencer !